Rencontre avec des eurodéputés
Cinq journalistes ont répondu à l’invitation du bureau d’information du Parlement européen pour le Sud-Est. Au menu bruxellois : des entretiens successifs avec 8 des 14 eurodéputés du Sud-Est et l’accès à la retransmission en direct parmi les collègues accrédités de l’intervention d’Angela Merkel devant le Parlement.
Cette visite des 7 et 8 novembre nous a permis de progresser dans notre compréhension du travail des députés, mais aussi du fonctionnement des instances européennes. Un condensé de vie bruxelloise qui devait nous convaincre… du réel pouvoir acquis par le Parlement de Strasbourg au sein de l’Union européenne face à la Commission et au Conseil. Les domaines qui relèvent de la « co-décision », c’est à dire les propositions de la Commission sur lesquelles le Parlement vote sont importants. A noter, cependant, qu’au niveau budgétaire si le Parlement contrôle les dépenses de l’Europe, il ne peut décider des recettes…
Faute de session parlementaire – il y en a quelques unes à Bruxelles – nous avons donc rencontré 8 parlementaires. Enthousiastes vis à vis de leur travail, des échanges avec des collègues de 26 autres pays, des missions réalisées… Arrivés dans leur fauteuil d’eurodéputé souvent au hasard de leur carrière politique, ils semblent heureux de leur sort. Toutefois, la majorité d’entre eux apparaissent en mal de visibilité politique sur le territoire national. La région Sud-Est où ils ont été élus est immense à parcourir… et même s’ils rencontrent des citoyens français dans leur permanence, ces derniers sont encore trop peu nombreux à être vraiment intéressés par l’Europe.
Parlez-nous d’Europe
Ah, cette Europe mal aimée et méconnue des Français !! A qui la faute ? Eh bien, la presse y serait aussi pour quelque chose ! Mais les élus assurent qu’il est aisé d’expliquer pourquoi l’Europe est importante dans notre vie et comment elle intervient dans notre quotidien. Ils sont prêts à nous donner maints exemples… Ainsi donc, collègues journalistes, le message est clair : n ‘hésitez pas à entrer en contact avec ces eurodéputés disposés à vous donner des informations utiles sur les dossiers qu’ils connaissent, et désireux de gagner ainsi plus de notoriété auprès de vos lecteurs et auditeurs…
Au fil des rencontres, une brassée de sujets ont été abordés. Il a été question de transports, de la réforme de la PAC (politique agricole commune), du budget européen bien évidemment pour la prochaine période de 7 ans (2014-2020), de la difficulté d’aboutir à ce que l’Europe se dote d’un vrai budget (une fraction de TVA pourquoi pas ?), d’une réforme du traité européen pour mieux asseoir encore le pouvoir du Parlement, des procédures migratoires et du dossier épineux des Roms, d’Union pour la Méditerranée, de politique régionale, ou encore de protection des données, d’énergies renouvelables et de remise en cause des libertés démocratiques en Hongrie…
Tous les maux et les revendications des Européens et leurs voisins transitent par Bruxelles. D’une façon ou d’une autre. En marge, durant ces deux jours, des Kurdes manifestaient devant la Parlement loin derrière une barrière de barbelés. Ils rappelaient que 680 prisonniers politiques dans 58 prisons de Turquie ont débuté une grève de la faim depuis le 12 septembre dernier. Les grévistes demandaient notamment que la politique d’isolation contre le leader kurde Abdullah Ocalan prenne fin…
Ici, on travaille
Dans les bureaux ou au bar des députés, tous ou presque… les élus nous ont répété : « ici, on travaille ! Et si l’on ne travaille pas, on n’existe pas » ; ce qui pourrait sous-entendre qu’un élu en France travaille moins… Une majorité d’entre eux a ajouté : « nous faisons de la politique autrement », ou bien « nous ne nous fondons pas sur des clivages partisans comme au niveau national », ou encore « nous apprenons l’art du compromis, ici ce n’est pas un gros mot ». Toute une autre culture politique donc, à les en croire.
La plupart de ces parlementaires sont membres titulaires d’une ou deux commissions de travail et suppléants d’une ou deux autres. Il se spécialisent sur des thématiques et ils peuvent ainsi se faire « une réputation ».
Les plus nouveaux dans la fonction évoquent encore une fascination à travailler avec des lobbies… « dans la transparence ». Et quasiment tous regrettent que la France globalement n’ait pas davantage de visibilité à Bruxelles. Par ailleurs, les contacts des eurodéputés avec leurs collègues parlementaires français ne sont pas si fructueux qu’ils pourraient le souhaiter.
A noter, la proposition de Gaston Franco (UMP) qui veut lutter contre « le désert de la présence française » à Bruxelles et qui dit s’exprimer au nom des membres français de son groupe du Parti populaire européen ; « si Matignon invitait tous les eurodéputés français pour des réunions régulières de travail, nous irions… » Bruxelles transformerait-elle la classe politique à ce point ?
L.G
Plus d’infos :
La région Sud-Est est représentée par 14 eurodéputés élus pour 5 ans au suffrage universel direct qui comptent parmi les 74 parlementaires français présents à Strasbourg et Bruxelles. Le parlement européen compte actuellement 754 députés.
http://sudest.europarl.fr/view/fr/vos_deputes_2009.html
photos
pour deux photos du groupe de journalistes
Olivier Biscaye, directeur des rédactions du groupe Nice Matin, Frédéric Dubessy, rédacteur en chef du site Internet marseillais Econostrum et trois journalistes du club de la presse Drôme-Ardèche: Frédérique Fays, Nathalie Fabre et Louisette Gouverne ont profité de cette opportunité pour mieux appréhender les dossiers européens.