Les prix ont été remis en ligne jeudi 17 décembre 2020 en présence d’une vingtaine de participants.
Le lauréat Eco-reportages est Abdel Aziz Nabaloum.
Il est journaliste à Sidwaya un quotidien burkinabe d’information. Abdel travaille dans ce quotidien national depuis 2012 où il réalise assez régulièrement des reportages relatifs à l’environnement. Son article primé s’intitule : « Ecocide d’un patrimoine mondial ». Il nous entraîne à la rencontre de Yacouba Sawadogo, paysan né dans la région semi-désertique du Sahel. Revenu dans cette région de Yatenga, au village de Gourga, au début des années 1980, il décide de stopper l’avancée du désert. Il adapte et améliore une méthode ancestrale de culture, le zaï. Malgré le scepticisme des habitants, sa persévérance permet de développer une forêt d’une vingtaine d’hectares qui fait rempart à l’avancée du désert. Les habitants qui avaient fui sont revenus cultiver leurs champs. Le vieil homme a fait des émules et la région revit.
Le 23 novembre 2018, il a reçu à Stockholm, le prix Nobel alternatif, pour son combat contre l’avancée du désert. Et le 11 décembre dernier, « Le vieux » a été désigné « Champion de la terre 2020 » par les Nations-Unies. Cette double reconnaissance internationale pousse le gouvernement burkinabé à affirmer qu’il protégera cette forêt. Toutefois, des concessions en terre battue poussent comme des champignons sur la forêt gagnée sur le désert durant 40 ans de lutte. D’un côté des parcelles ont été attribuées à des particuliers qui construisent des maisons en abattant des arbres, de l’autre Yacouba ne possède pas de titre foncier sur cette forêt. Un titre qui lui couterait 108 millions de francs CFA !
Ce reportage a intéressé le jury parce qu’il nous amène au plus près de la réalité burkinabée en apportant maints témoignages et il se démarque d’autres articles consacrés à ce paysan qui lutte contre le désert.
Le lauréat Eco-reportages Auvergne Rhône-Alpes est Guillaume Pajot.
Ce journaliste pigiste est allé à la rencontre des vautours dans le Vercors, des vautours fauves notamment. Son reportage publié dans Géo rappelle que cet oiseau de malheur voué aux gémonies, qui avait disparu de France, est de retour et bien installé depuis 1999 dans le Vercors où il est devenu l’allié des éleveurs.
Si le sujet n’est pas inédit pour les lecteurs au fait des questions de biodiversité et de réintroductions, Guillaume Pajot captive notre intérêt avec cette histoire du retour des nécrophages et des hommes qui ont plaidé et œuvré pour favoriser cette réintroduction. Il parle également du changement de regard des jeunes générations et des quelques difficultés qui ne manquent pas de subsister.
Le journaliste a réalisé d’autres reportages qui s’articulent autour de son propre fil rouge : la protection de la faune sauvage, et son revers, le braconnage. Il a enquêté sur la réintroduction du lynx dans l’Est ou la sauvegarde du saumon dans le Massif central pour GEO. Son autre spécialité est la Birmanie. L’an dernier, il a publié une longue enquête, un travail de plusieurs années, sur le braconnage d’éléphants dans ce pays, dont l’ivoire et la peau sont vendus en Chine.
Un débat avec Eric La Blanche
Invité du débat qui a suivi la remise des prix : Eric La Blanche journaliste pour son ouvrage Colère ! – Contre les responsables de l’effondrement écologique aux éditions
Delachaux et niestlé
Ces prix ont été financés grâce à la CNR, Orange ainsi que la région Auvergne-Rhône-Alpes.