La presse libre, une espèce encore protégée ?
Le 25 avril 2015 s’est déroulée l’assemblée plénière du 34ème congrès de l’Union des Clubs de la Presse de France et francophone (UCP2F). Le débat intitulé « Dessine moi la presse » était animé par Gérard Dabin, président du Club de la presse 83. A la tribune : le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, Patrick Pelloux, urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo, Emmanuel Vire, secrétaire général CGT du SNJ, Patrick Maggio, rédacteur en chef à Var-Matin. L’armée était représentée par le lieutenant-colonel Ponzoni (Marseille).
Caricatures et blasphèmes : éléments de la liberté d’expression
Patrick Pelloux a souligné que la France était dans un état de guerre bien avant le 7 janvier, funeste date pour les caricaturistes de Charlie Hebdo. Aujourd’hui dit-il « le journal continue mais mon Charlie Hebdo s’est arrêté le 7 janvier 2015 ». L’urgentiste rappelle aussi une tradition bien française du dessin de presse puisque sous la Commune, il y avait 200 journaux illustrés avec des dessins. « C’est un signe de vitalité pour une démocratie d’avoir des caricaturistes » conclue t-il avant de rappeler aux journalistes, au travers leurs Clubs de la presse, le rôle essentiel qu’ils ont à jouer. Quid de l’avenir proche de la presse ? Patrick Pelloux ne croit pas un instant à la fin de la presse papier. Le print et le web pour un support restent complémentaires mais attention dit-il « Internet ne doit pas devenir les égouts de l’information ».
Intervention de Patrick Pelloux
Des mécanismes totalitaires identifiés
Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik a, lui, décrypté les mécanismes qui ont conduit à l’élimination des dessinateurs de presse. Il a comparé le langage djihadiste à celui d’un Etat totalitaire. Dérive sémantique, pensée unique, soumission, la solution réside dans l’ouverture vers la culture et l’ouverture aux autres. Le lieutenant colonel Ponzoni a ajouté, à propos du projet de loi sur le renseignement, « tant qu’une loi a été voté démocratiquement, elle n’apparaît pas liberticide ». Le syndicaliste Emmanuel Vire s’inquiète quant à lui des aides de l’Etat à la presse qui favorisent les grands groupes.
Vincent Estassy
Crédit photos : Rocio Prado